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Bâtir un super diffuseur culturel québécois et du français d’Amérique

  • Photo du rédacteur: Martin Lessard
    Martin Lessard
  • 8 sept.
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 7 nov.



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L’heure est venue de repenser la manière dont nous finançons, créons et diffusons notre culture et nos informations au Québec et dans tout le Canada francophone. Nous avons, depuis des décennies, deux sociétés d’État de télédiffusion : Radio-Canada et Télé-Québec. Chacune joue un rôle important, mais séparément elles souffrent de redondances, de contraintes budgétaires et d’une fragmentation de leurs missions.


Imaginons maintenant un super groupe de création et de diffusion qui réunirait les forces de ces deux institutions pour bâtir un diffuseur 100 % francophone, sans publicité, et résolument tourné vers l’avenir.


Imaginons maintenant un super groupe de création et de diffusion qui réunirait les forces de ces deux institutions pour bâtir un diffuseur 100 % québécois, francophone, sans publicité et résolument tourné vers l’avenir.


Un modèle sans publicité


La culture et l’information ne devraient pas être dictées par la logique des revenus publicitaires. Libérer cette nouvelle entité de la publicité permettrait de :


  • Mettre de l’avant la qualité et la pertinence des contenus, plutôt que la course aux cotes d’écoute.

  • Réduire la dépendance à la commandite commerciale, et préserver l’indépendance éditoriale.

  • Créer un espace médiatique réellement axé sur la francophonie d’Amérique, les citoyens et la société québécoise.




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Un héritage à moderniser


Depuis sa fondation, Radio-Canada a été la voix des Canadiens francophones, et Télé-Québec s’est imposée comme un moteur éducatif et culturel unique. Ces institutions ont façonné notre identité collective. Mais dans un paysage bouleversé par la domination des plateformes mondiales, ce modèle a atteint ses limites.


Comme l’ont démontré la BBC au Royaume-Uni ou Arte en France-Allemagne, un diffuseur public fort, financé adéquatement, peut rivaliser avec les géants privés en misant sur la qualité, la crédibilité et l’innovation. Le Québec a tout à gagner à s’inspirer de ces modèles.



Une mission élargie


Un super diffuseur francophone aurait trois missions principales :


  1. Créer du contenu original pour toutes les générations : fictions, documentaires, émissions jeunesse, séries éducatives, débats et magazines culturels.

  2. Informer avec rigueur : couverture des nouvelles locales, régionales, nationales et internationales, incluant les volets économiques et politiques, avec une division d’information forte inspirée du modèle de RDI.

  3. Promouvoir et faire rayonner la francophonie partout au pays : valoriser les voix et réalités francophones de Vancouver, du Manitoba, de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick, afin d’offrir une vitrine commune à toutes les communautés francophones du Canada.



Un moteur économique et culturel


En fusionnant Radio-Canada (section francophone uniquement) et Télé-Québec, un tel regroupement permettrait :


  • Des économies d’échelle grâce à la rationalisation des infrastructures, des ressources techniques et administratives.

  • Une réallocation des budgets vers la création indépendante, le soutien aux artistes et la production locale.

  • Un effet de levier économique : en renforçant l’industrie audiovisuelle, en attirant les talents créatifs et en consolidant des emplois de qualité au Québec et dans les communautés francophones.


Bref, moins de duplication et plus de valeur ajoutée pour chaque dollar investi.


Un acteur numérique incontournable


Le futur de la culture et de l’information se joue sur les plateformes numériques. Un super diffuseur francophone pourrait :


  • Offrir une plateforme numérique unifiée, intuitive et accessible sur tous les écrans.

  • Développer des outils technologiques modernes (intelligence artificielle, recommandations personnalisées) pour accroître la découvrabilité des contenus francophones.

  • Devenir un contrepoids à Netflix, Disney+ ou YouTube en offrant une alternative crédible et profondément enracinée dans la culture francophone.

  • Diffuser activement le contenu original québécois sur les plateformes populaires comme Netflix, YouTube et autres services mondiaux, afin de rejoindre la nouvelle génération qui consomme moins la télévision traditionnelle. Cette stratégie de rayonnement multiplateforme permettrait non seulement de soutenir la relève en la mettant devant les bons publics, mais aussi d’exporter la créativité québécoise bien au-delà de nos frontières.



Une gouvernance québécoise et indépendante


Le gouvernement fédéral pourrait transférer la responsabilité de Radio-Canada (francophone) au gouvernement du Québec, avec les sommes qu’il investit déjà. Le Québec prendrait ainsi en main son diffuseur public national, tout en garantissant :


  • Une gouvernance indépendante, à l’abri des pressions politiques et commerciales.

  • La création d’un conseil citoyen et d’un comité consultatif francophone pancanadien pour assurer la représentativité et la transparence.



Contexte politique et initiatives actuelles


Ce projet s’inscrit dans un contexte favorable :


  • Récemment, le gouvernement du Québec a reçu le rapport Souffler les braises : pour une stratégie nationale de l’audiovisuel au Québec (septembre 2025). Ce document, fruit de consultations exhaustives, propose 20 recommandations et 76 mesures concrètes pour refonder notre écosystème audiovisuel. Parmi les propositions fortes : tripler le budget de Télé-Québec à 300 M$, retirer la publicité de ses ondes et en faire un puissant catalyseur culturel et industriel  . Le rapport appelle aussi à rapprocher audiovisuel et éducation, à investir dans les jeunes publics, la découvrabilité numérique et l’intelligence artificielle. Son dépôt marque un tournant politique clair : il est urgent d’agir et de transformer cette vision en réalités concrètes.

  • La Stratégie France-Québec 2025-2030 vise déjà à renforcer la découvrabilité des contenus francophones dans l’environnement numérique.

  • Le gouvernement québécois travaille sur un projet de loi pour protéger et valoriser la spécificité culturelle et linguistique en ligne.

  • Plusieurs études rappellent que les contenus francophones restent trop invisibles sur Netflix et YouTube, malgré une forte demande de la part des communautés.



Répondre aux objections


Certains craindront un monopole médiatique ou la disparition de la diversité. Or, un tel projet ne vise pas à uniformiser, mais à renforcer l’écosystème culturel.


  • Les médias privés conserveront toute leur pertinence.

  • Les producteurs indépendants bénéficieront d’un plus grand diffuseur public pour mettre en valeur leurs œuvres.

  • Les citoyens profiteront d’un accès élargi à des contenus de qualité, représentatifs de toutes les réalités francophones.



Une force de frappe culturelle et identitaire


Un super diffuseur public québécois deviendrait :


  • Un pôle de rayonnement culturel au Québec, au Canada et à l’international.

  • Un vecteur fort d’identité collective francophone, en mettant en valeur les créateurs et communautés de l’Ouest canadien, des Prairies, de l’Ontario et de l’Acadie.

  • Un outil de cohésion sociale reliant générations et régions.

  • Un vecteur d’identité collective francophone, rassemblant toutes les voix, de l’Acadie à la Colombie-Britannique.




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Collaborer pour faire rayonner la langue et la culture française d’Amérique


Fusionner Radio-Canada (français) et Télé-Québec, ce n’est pas effacer l’histoire, mais l’adapter à un nouveau contexte. Dans un monde médiatique dominé par les géants étrangers, c’est une opportunité de bâtir une maison commune de la culture et de l’information francophone, moderne, ouverte, sans publicité et contrôlée par le Québec, mais rayonnant dans tout le Canada francophone.


Un projet mobilisateur, identitaire et tourné vers l’avenir qui donnerait plus de force à notre voix collective, qui soutiendrait nos créateurs et qui optimiserait l’usage de nos impôts.


👉 Le temps est-il venu de doter le Québec et la francophonie canadienne d’un diffuseur public unique, à la hauteur de nos ambitions culturelles et identitaires?




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