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L’économie comportementale au service des organisations

  • Photo du rédacteur: Martin Lessard
    Martin Lessard
  • 10 nov.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 11 nov.

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Les entreprises aiment se penser rationnelles.


Elles se définissent par leurs chiffres, leurs processus, leurs modèles d’affaires et leurs objectifs mesurables.

Mais derrière chaque décision — qu’elle soit stratégique, opérationnelle ou individuelle — se cache un acteur profondément humain : influencé par ses biais, ses émotions et ses croyances.


L’économie comportementale, longtemps cantonnée aux laboratoires et aux politiques publiques, trouve aujourd’hui un terrain fertile dans les organisations.

Elle aide à comprendre pourquoi les gens ne font pas toujours ce qu’ils disent vouloir faire, et comment concevoir des environnements décisionnels plus cohérents avec la nature humaine.


Chez Convenio, nous considérons cette discipline comme un levier majeur pour réconcilier performance et comportement, logique et émotion, stratégie et psychologie.




L’illusion de la rationalité managériale


Les dirigeants prennent chaque jour des décisions complexes, souvent dans l’urgence et l’incertitude.

Ils croient s’appuyer sur des faits, mais leur perception de ces faits est filtrée par des biais :


  • le biais de confirmation (on cherche à valider ce que l’on croit déjà),

  • le biais d’ancrage (on se base sur la première information reçue),

  • le biais de statu quo (on préfère ne rien changer plutôt que risquer l’inconfort).



Ces biais ne sont pas des défauts : ce sont des raccourcis cognitifs que le cerveau utilise pour économiser de l’énergie.

Mais dans un contexte d’organisation, ils peuvent créer des incohérences stratégiques :

des décisions conservatrices, des plans irréalistes, ou des politiques internes déconnectées des comportements réels.


Reconnaître cette irrationalité, ce n’est pas admettre une faiblesse — c’est ouvrir la porte à une gouvernance plus lucide.




Du comportement individuel à la performance collective


Les comportements ne changent pas sous la contrainte, mais par l’architecture des choix.

C’est le principe central de l’économie comportementale : le design des contextes influence plus que les discours.


Quelques exemples concrets :


  • Simplifier les formulaires RH augmente la participation aux programmes d’avantages sociaux.

  • Rendre visible la contribution environnementale d’une équipe renforce son engagement ESG.

  • Réorganiser les KPI autour d’un objectif commun réduit la compétition interne et favorise la collaboration.



Les meilleures stratégies ne cherchent pas à forcer le comportement, mais à le faciliter.

Elles alignent l’environnement de décision sur la vision, pour que la cohérence organisationnelle émerge naturellement.




La psychologie du changement


Tout changement organisationnel échoue d’abord dans les esprits.

Les résistances ne viennent pas d’un manque de volonté, mais d’un déséquilibre perçu entre sécurité et sens.

L’être humain n’adhère pas à une transformation parce qu’elle est logique, mais parce qu’elle fait sens émotionnellement.


Les dirigeants qui réussissent à instaurer le changement durable combinent trois leviers:


  1. La clarté du pourquoi (le sens partagé du changement).

  2. La sécurité du comment (des repères stables dans l’incertitude).

  3. La preuve par l’exemple (le leadership incarné).



L’économie comportementale traduit ces leviers en mécanismes concrets : nudge management, reconnaissance immédiate, feedbacks fréquents, et valorisation des micro-progrès.

Ce sont souvent ces micro-ajustements — invisibles mais constants — qui font la différence entre un changement subi et un changement intégré.




Vers une gouvernance comportementale


La prochaine étape pour les organisations les plus avancées sera d’intégrer l’économie comportementale dans la gouvernance même.

Il ne s’agit plus seulement d’influencer les employés, mais de repenser comment les dirigeants eux-mêmes prennent leurs décisions collectives.


Les conseils d’administration et les comités exécutifs pourraient bénéficier de cette approche pour :


  • réduire les biais de groupe (pensée unique, surconfiance, inertie stratégique),

  • concevoir des processus de décision favorisant la diversité cognitive,

  • et aligner la structure de gouvernance sur la psychologie réelle des équipes de direction.



La gouvernance comportementale ne remplace pas l’intelligence stratégique : elle l’enrichit, en introduisant une conscience réflexive du facteur humain.




Conclusion


L’économie comportementale n’est pas une mode : c’est une grille de lecture puissante pour comprendre comment la cohérence se construit (ou se perd) à l’intérieur des organisations.

Elle rappelle que la performance ne dépend pas seulement des outils et des données, mais de la manière dont les humains perçoivent, décident et agissent ensemble.


Les dirigeants qui sauront l’adopter ne piloteront plus leurs organisations contre les biais humains, mais avec eux — en s’appuyant sur une compréhension fine des motivations, des émotions et des dynamiques collectives.


En somme, l’économie comportementale ne rend pas les entreprises plus rationnelles.

Elle les rend plus humaines, donc plus cohérentes.



« Les organisations ne sont pas irrationnelles: elles sont humaines. Et la vraie intelligence consiste à gouverner cette humanité avec cohérence. » — Martin Lessard, Convenio

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