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Le Canada face à la nouvelle géoéconomie mondiale

  • Photo du rédacteur: Martin Lessard
    Martin Lessard
  • 10 nov.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 11 nov.

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Le monde est entré dans une ère où la géopolitique et l’économie ne se contentent plus de coexister — elles s’entremêlent.


Les chaînes d’approvisionnement, les alliances commerciales, les ressources naturelles et les technologies stratégiques redéfinissent la puissance économique à l’échelle planétaire.


Dans ce nouvel ordre géoéconomique, le Canada se retrouve à la croisée des chemins : riche en ressources, stable politiquement, mais vulnérable à la lenteur décisionnelle et à la fragmentation de ses leviers d’action.


Chez Convenio, nous croyons que le défi canadien n’est pas seulement économique — il est stratégique et culturel.

Il s’agit moins de savoir comment croître que de savoir où concentrer l’effort collectif pour retrouver un avantage dans un monde où la compétitivité se mesure désormais à la cohérence nationale.




La fin du confort économique


Pendant des décennies, le Canada a prospéré dans un environnement mondial relativement prévisible : libre-échange, stabilité politique, abondance énergétique.

Mais ces certitudes se fissurent.

Le protectionnisme s’installe, les blocs économiques se reforment, et les chaînes d’approvisionnement se regionalisent.


Dans ce contexte, les atouts traditionnels du pays — ressources naturelles, stabilité institutionnelle, proximité avec les États-Unis — ne suffisent plus.

Le Canada doit passer d’une économie d’abondance à une économie d’intention : choisir ses batailles, investir là où il peut gagner, et accélérer sa transition vers la valeur ajoutée.


La croissance future ne viendra pas de la quantité, mais de la qualité stratégique de ses choix.




La géoéconomie des ressources : atout ou dépendance ?


Le Canada demeure un géant énergétique et minier — mais un géant mal connecté à la chaîne de valeur mondiale.

L’enjeu n’est plus d’extraire, mais de transformer.

De passer des ressources brutes aux écosystèmes technologiques qui en découlent : batteries, matériaux critiques, énergie propre, et innovation industrielle.


Les États-Unis, l’Europe et la Chine redéfinissent leurs stratégies d’approvisionnement à travers la diplomatie économique.

Le Canada doit répondre non par la prudence, mais par la projection : bâtir des partenariats structurants, sécuriser ses corridors énergétiques, et s’imposer comme acteur stratégique, non simple fournisseur.


La ressource doit redevenir un levier de souveraineté économique — pas une dépendance exportée.




L’économie du savoir : un potentiel sous-exploité


Malgré un capital humain exceptionnel et un réseau universitaire reconnu, le Canada peine à transformer sa recherche en innovation économique tangible.

Le problème n’est pas l’intelligence — c’est l’alignement.


Trop souvent, les politiques publiques, les entreprises et les institutions avancent en parallèle, sans mécanisme d’intégration.

Résultat : la recherche reste académique, l’investissement reste défensif, et les start-ups, faute de capitaux patients, s’exilent.


L’enjeu n’est donc pas d’inventer plus, mais de connecter mieux : relier la science, la finance et la stratégie industrielle.

C’est cette cohérence — entre innovation, capital et marché — qui distingue les nations créatrices de valeur de celles qui la financent.




De la neutralité à l’influence : le tournant diplomatique


Le Canada a longtemps cultivé une posture de neutralité bienveillante.

Mais dans un monde de rapports de force économiques, la neutralité équivaut à l’effacement.

Les grandes puissances investissent massivement dans la diplomatie économique, la sécurité énergétique et les alliances technologiques.


Le Canada doit assumer un rôle d’influence à la mesure de ses capacités :


  • devenir un médiateur stratégique entre blocs commerciaux ;

  • positionner ses ressources comme instruments de stabilité régionale ;

  • et porter un discours économique ancré dans la durabilité et la confiance.



L’influence, aujourd’hui, se mesure autant en crédibilité politique qu’en cohérence économique.

C’est en alignant ses valeurs, ses atouts et ses ambitions que le Canada pourra redevenir un acteur structurant, et non périphérique.




Conclusion


Le monde de demain ne récompensera pas les économies prudentes, mais les économies lucides — celles qui savent où elles veulent aller, pourquoi, et avec qui.

Pour le Canada, cela suppose de repenser son modèle non pas autour de la croissance du PIB, mais autour de la valeur stratégique créée pour ses citoyens et partenaires.


Cela exige une cohérence nationale : entre les politiques industrielles, la diplomatie, la transition énergétique et la compétitivité des entreprises.

Sans cette cohérence, la prospérité restera fragmentée.


Le futur du Canada ne dépendra pas seulement de ses ressources, mais de sa capacité à convertir ses forces latentes en puissance intentionnelle — à transformer la stabilité en stratégie, et la prudence en influence.




« Le Canada ne manque pas d’atouts. Il manque d’alignement. Et dans la nouvelle géoéconomie, la cohérence est la première forme de puissance. » — Martin Lessard, Président, Convenio

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